top of page

Figures d'Avalon

  • Photo du rédacteur: Onethrîn
    Onethrîn
  • 11 juin
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 juin

Un oeuf de dragon gris posé contre un miroir, près d'une dague, dans les feuilles mortes

Il y avait, dans l'un des coins reculés de mon atelier, un miroir ancien que je n’avais encore jamais songé à sonder. Sorte de vestige oublié, que j’avais glané lors de l’un de mes voyages, ses origines m’étaient cependant inconnues et rien ne semblait permettre de le distinguer des autres objets du genre.


Ce matin-là, sans que je sache pourquoi, j’avais ressenti le besoin de l’extirper de son linceul de poussière pour y plonger mon regard. En m’y penchant, je ne perçus aucun reflet, pas même le mien. La surface de l’artefact se troubla un instant, se creusant en cercles fuyants et ondoyants, avant de laisser place à l’image mouvante d’un rivage baigné de brume. Cinq silhouettes s’en détachaient, immobiles, figées tels des menhirs couverts de mousse à la manière de veilleurs silencieux. Intrigué, j’entrepris de les détailler avec attention. Le premier de ces individus, se tenait droit et son front, sein d’une couronne, semblait confirmer le rang que sa stature ne faisait que suggérer. La seconde silhouette, féminine, arborait une position différente. La main levée comme pour jeter un sort, elle arborait une coiffure aux cheveux relevés qui dégageait son port de tête. A sa droite, se tenait une forme plus voûtée, comme courbée par le poids d’un savoir ancestral, appuyée sur un bâton sur lequel siégeait un oiseau de proie. Venait ensuite une autre gardienne muette, légèrement de biais. Une longue lame descendait le long de son flanc, tenue du bout des doigts, tandis que ses cheveux détachés suggéraient une proximité accrue avec la nature environnante. Enfin, le dernier de cette étrange assemblée se tenait à l’écart, les épaules voutées, assis sur ce qui ressemblait à un trône, il scrutait les eaux du rivage, une canne à pêche à la main.


Cette vision m’obséda les jours qui suivirent et il me fut impossible de travailler convenablement, mon esprit trop occupé à se questionner au sujet de ces figures immobiles. Fatigué de lutter en vain, j’entrepris de me renseigner sur les miroirs et leurs propriétés puisque je savais que certains étaient utilisés dans les arts divinatoires. En parallèle, je me mis à la recherche de recueils compilant les mythes et légendes de la région dont je l’avais rapporté. Ce travail, un peu fastidieux, m’occupa un certain temps, je ne le détaillerai donc pas plus ici. Ce ne fut qu’au terme de plusieurs semaines de recherches patientes que j’entrevis une piste. Un passage obscur, griffonné dans les marges d’un codex enluminé, évoquait un artefact semblable, autrefois offert à une prêtresse lacustre dont le nom semblait changer d’un texte à l’autre. Cette information, conjuguée aux brumes de la vision, semblait indiquer que l’objet était lié au folklore du Royaume de Logres. C’est là que le miroir semblait vouloir me guider, je pris donc le parti de me mettre en chemin pour parcourir, de nouveau, ces terres mystérieuses et légendaires.


***


Rendu sur place, il m’apparut évident de m’en remettre au miroir et à ses visions qui, peu à peu, commencèrent à se préciser, se déroulant comme un récit silencieux. D’abord, les silhouettes se superposèrent à des paysages flous, puis le rivage brumeux laissa place à des bois ancestraux où les troncs semblaient encore imprégnés d’une magie oubliée. A chaque étape de mon voyage, les visions s’étoffaient, me fournissant de nouvelles informations et de nouveaux détails. Là, un menhir isolé, puis un cercle de pierres dressées ou encore quelques promontoires rocheux perdus dans la lande aux tons orangés.


C’est ainsi que, bribes par bribes, le miroir me guida, vers les restes d’un imposant édifice entouré d'arbustes noueux. Sous un ciel bas où tournoyaient quelques corneilles gisaient murs et tours. Il ne restait du château qu’un entrelacs de fondations à demi effondrées et d’escaliers qui ne menaient plus nulle part, soit parce qu’ils étaient brisés, soit parce qu’ils s’enfonçaient dans le sol, le temps ayant fait son oeuvre pour recouvrir les décombres.


En fouillant les vestiges, suivant mon intuition, je fis la découverte des restes d’une porte dérobée. Aussi étonnant que cela puisse paraître, vu l’état des alentours, elle résista un temps et il fallut plus d’une tentative avant qu’elle ne cède et se désolidarise des pierres qui l’entouraient. L’air qui s’échappa de l’ouverture, froid et dense, était chargé de cette humidité minérale propre aux souterrains. Un étroit corridor s’ouvrit devant moi avant de me mener vers un escalier descendant en colimaçon vers le niveau inférieur. Allumant une torche, je descendis lentement, guidé par sa lumière vacillante. A mesure que j’avançais, le silence se fit plus oppressant, contrastant avec le bruit des corneilles perçu plus tôt et à peine troublé par le crissement de mes pas sur les gravats. Je débouchai alors sur une vaste salle aux dalles fendillées au centre de laquelle reposait une antique table ronde, brisée en son centre. Bien que ses fragments soient rongés par l’humidité et marqués par les affres du temps, et bien qu’elle paraisse simple, dénuée de tout emblème ou écu, une puissance ancienne s’en dégageait, imprégnant les veines du bois mort.


Derrière elle se trouvait un impressionnant bas relief représentant la geste d'illustres personnages du royaume et l’on eût dit qu’en tendant l’oreille, certains serments prononcés jadis en ces lieux pouvaient encore se faire entendre. Après l’avoir silencieusement observé, mes doigts courant sur ses aspérités, mon attention s’en détourna pour se concentrer de nouveau sur l’intrigante table. Guidée par un besoin impérieux, j’entrepris d’y prélever quelques éclats de bois. Ne m'arrêtant pas en chemin, je fis également la récolte d’un peu de poussière de pierre et de divers végétaux qui poussaient là, procédant avec précaution pour ne pas briser l’équilibre ténu de leur magie.


Marquant un temps d’arrêt, toujours silencieux, j’eu la sensation d’être observé. Pourtant, rien ne bougeait hormis les ombres projetées par les flammes vacillantes de ma torche. Sentant dans l’air comme une attente, j’eu le sentiment qu’il me fallait de nouveau m’en remettre au miroir. Le sortant de mon escarcelle, je ne pus m'empêcher de remarquer qu’il semblait plus lourd, comme si l’énergie du lieu l’avait alourdi. Après l'avoir précautionneusement posé sur la table, j’y plongeai de nouveau le regard. Aussitôt, sa surface se troubla, faisant réapparaître les cinq silhouettes. Identiques à celles de la première vision, elles se tenaient toujours figées, comme attentives. Mais peu à peu l’image se troubla alors que la brume épaississait masquant les veilleurs silencieux. Lorsqu’enfin la vision se stabilisa, la brume dévoila, en s’estompant, cinq oeufs de dragon posés, à côté du miroir, dans l’herbe et les feuilles mortes non loin du rivage du lac. Tout aussi immobiles que l'avaient été les cinq silhouettes, il semblaient attendre leurs gardiens.


Dans le silence du caveau, je compris qu’il ne me restait qu’à regagner mon atelier et me mettre au travail.



Cette collection est composée de 4 œufs de taille moyenne et d'un œuf plus imposant.

La mise à jour de la boutique aura lieu le 18 juin à 20h30.

Comments


Pour ne rien manquer :  rejoignez notre newsletter !

INFORMATIONS

  • Instagram
  • Facebook
  • TikTok
  • Pinterest
  • Bluesky
  • X
  • Youtube

© 2022-2025 by AJLR.
Created with Wix.com

-   DÉCOUVREZ CES CRÉATEURS   -

Logo Aesgrim
Logo Naïade Lacolomb
Logo Malle d'Uchronie
Logo Refuge d'Uchronie
BenjaminTantot
Logo Andarta Creation
Logo Boudoir du Chaman
Texte "Le Refuge d'Uchronie"
bottom of page