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Arcanes du Crépuscule

  • Photo du rédacteur: Onethrîn
    Onethrîn
  • 11 oct.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 oct.


Le jour s’éteignait lentement, et le soleil rasant embrasait de ses rayons obliques les pierres usées du temple en ruine. Les éclats lumineux, qui perçaient à travers les nuages, dessinaient des ombres dansantes sur le sol couvert de mousse, tandis qu’un vent frais s’engouffrait entre les arcades brisées, emportant avec lui des relents de terre meuble. Dans cette atmosphère à l’aura mystérieuse, l’édifice semblait suspendu entre deux mondes, ni tout à fait désert, ni tout à fait habité, comme si les voix d’érudits disparus continuaient de se faire entendre dans les interstices des murs.


Je franchis la nef silencieuse, mes pas résonnant sur les dalles fendues. Autour de moi, les flancs disloqués de l’édifice laissaient passer des filets de lumière où s’accrochaient des éclats de poussière, comme une brume suspendue. Je m’arrêtai un instant, observant les vestiges : un fragment de fresque effritée laissait deviner la silhouette d’une étoile, tandis qu’une inscription à demi effacée courait le long de la pierre, témoin obstiné d’un temps révolu. L’ensemble respirait la mémoire d’un sanctuaire figé dans l’attente.


Reprenant ma marche, je gagnai la partie effondrée où se devinait l’entrée dissimulée qui m’intéressait. Là, je laissai courir mes doigts sur le mur humide, suivant le tracé familier des rochers disjoints. Sous la pression, un pan de l’enceinte vibra avant de pivoter lentement, révélant une étroite ouverture. Un souffle plus chaud s’en échappa, saturé d’effluves de myrrhe consumée, de cire fondue et de vieux parchemin, comme si le lieu tout entier respirait la mémoire des âges. Sans hésiter davantage, allumant une torche, je franchis le passage et entamai ma descente.


Le couloir déboucha sur une vaste crypte voûtée, dont les parois s’ornaient de niches emplies de cierges partiellement calcinés. La lumière vacillante de ma torche se mêla aussitôt à celle d’autres flammes déjà allumées, jetant des reflets mouvants à la surface des pierres détrempées. Cinq silhouettes s’y tenaient, drapées dans leurs manteaux. Devant elles, divers autels étaient disposés autour d’un cercle tracé au sol à la poudre argentée. La lueur des chandelles découpait par instants leurs visages, révélant un regard attentif, une main chargée d’anneaux, ou la courbe d’un outil alchimique. Toutes et tous s’étaient déplacés pour cette nuit singulière, apportant avec eux un échantillon de leur art : l’un tenait entre ses mains une sphère de cristal, une autre agitait lentement un encensoir d’où s’élevaient des volutes denses qui s’entortillaient autour de ses épaules. Plus loin, des symboles à l’encre noire couvraient la peau des bras d’une troisième, semblables à des runes mouvantes. Le quatrième murmurait des mots étouffés en versant goutte à goutte un liquide sombre dans une coupe de bronze. Quant au dernier, penché sur son office, il disposait avec minutie des fragments minéraux, comme les pièces d’un puzzle ancien. Je fus accueilli d’un signe de tête, comme si ma venue était attendue, et pris place à leurs côtés.


L’air vibrait d’une tension feutrée, presque solennelle, à peine troublée par le craquement du feu et le chuintement des encensoires oscillant dans la pénombre. Tous affairés de leurs côtés, ils contribuaient néanmoins à l’harmonie silencieuse du lieu. À mon tour, je vins déposer, sur le dernier autel, un coffre de bois noirci. Les charnières grincèrent légèrement, dévoilant les œufs de dragon qu’il renfermait, délicatement déposés sur un pan de tissu sombre. À côté, l’un de mes camarades, le visage toujours à demi dissimulé sous son capuchon, fit glisser dans une coupelle un éclat de cristal qu’il réduisit en poudre d’un geste mesuré.


Posant mes mains de part et d’autre du coffret, je ressentis comme une tiédeur naissante, elle se concentra dans mes paumes avant de se propager lentement, comme un fourmillement, vers le bout de mes doigts. Une vibration subtile, semblable à un frémissement d’air chaud, se dirigea vers les œufs comme pour en effleurer la surface. On eût dit qu’un lien invisible se tissait, une circulation d’énergie à peine perceptible, mais pourtant bien réelle.


Autour de moi, les autres alchimistes firent de même : les mains posées sur leurs créations respectives, les traits marqués par la même concentration. Peu à peu, les murmures se mêlèrent, les gestes se répondirent, et ce qui n’était qu’un simple assemblage d’intentions devint rituel. Une litanie, d’abord fragile, s’éleva. Portée par les voix qui se cherchaient et se trouvaient, elle se fit plus assurée, emplissant peu à peu l’espace comme une marée contenue. Les sons se superposaient, s’éloignaient, revenaient, jusqu’à se fondre en un flux unique, continu. Sous cette onde, l’air semblait se resserrer, et nos pensées se nouaient à celles des autres, dans un équilibre fragile entre tension et abandon. Dans ce flottement, quelque chose s’accomplit, imperceptible, mais certain, comme un voile qu’on soulève à peine.


La lumière vacilla - non sous l’effet du vent : les flammes hésitaient, se couchaient, puis reprenaient vigueur, tandis qu’une chaleur sourde montait du sol, gagnant nos bras, nos tempes, nos voix. Chaque souffle ajoutait sa note à l’ensemble ; chaque battement de cœur, son écho.


Peu à peu, la litanie s’éteignit d’elle-même, se dissolvant dans un silence dense, encore vibrant des résonances du rituel. Le calme s’installa, marquant la fin de notre cérémonial. Nous restâmes ainsi quelques instants, immobiles, avant que les premières paroles, sobres et mesurées, ne se fassent entendre pour commenter les effets observés. Dans la chaleur des chandelles, les visages s’adoucirent.


Puis, selon l’usage, nous échangeâmes nos travaux : un fragment minéral contre une fiole d’huile opaque, une poudre contre un symbole tracé à l’encre vive. Je laissai derrière moi le coffret désormais vide, les mains plus légères, mais chargées de nouvelles promesses.


Cette collection, composée de 4 œufs de taille moyenne et d'un œuf plus imposant, sortira le 15 Octobre à 20h30.

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