L’air était frais en cette lumineuse matinée et l’atmosphère bercée par le chant des mouettes qui virevoltaient au devant des quelques rares nuages se dessinant ça et là. Au loin une forme se fit jour, se découpant progressivement sur l’horizon : celle d’un vaisseau porté vers le rivage par un vent d’Ouest. De belle facture, il s’agissait certainement d’une réalisation du Seigneur de la Cité. On put finalement apercevoir, à mesure que la distance entre les Havres et l’esquif se réduisait, plusieurs hommes sur le pont. Chaque mètre parcouru permettait de les distinguer plus précisément. Au nombre de cinq ils semblaient observer silencieusement la côte qui se rapprochait. En tête de cette petite assemblée se tenait un homme, paré de blanc, au port altier et à l’allure noble. Derrière lui se tenaient les quatre autres. Deux habillés de bleu, un de brun et le dernier à la vêture aussi grise que sa chevelure, appuyé sur un bâton noueux.
Ralentissant son allure à l’approche des côtes, le navire de bois vint se positionner calmement près de l’espace prévu pour débarquer. Quelques elfes présents sur place se saisirent des différents bouts et, de concert, terminèrent d’amarrer le bâtiment, avant d’installer une mince passerelle de bois prévue pour permettre aux voyageurs de mettre pied à terre. Leur tâche accomplie ils s'éclipsèrent laissant la place à un autre elfe, reconnaissable entre tous par sa barbe, attribut rarement répandu au sein de son peuple : le Charpentier de Navires, Maître de la Cité Portuaire. Celui-ci se porta à la rencontre des cinq passagers. D'apparence avancés en âge, ils n’en restaient pas moins encore robustes comme le démontra l’agilité avec laquelle ils rejoignirent promptement la terre ferme. Le Seigneur des lieux les accueillit avec révérence, individuellement, avant de se tourner de nouveau vers celui portant des vêtements blancs et de commencer à converser avec lui. Amorçant le début d’une marche, ils continuèrent à deviser en chemin, suivis de prêt par les quatre autres.
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C’est quelque peu fatigué de ma journée auprès des artisans des Havres que je regagnai le logement qui avait été, aimablement, mis à ma disposition par le Maître des lieux. Après avoir bu un gorgée d’eau récupérée dans la carafe disposée sur le bureau situé au centre de la pièce, je m’installai à ce dernier. Je tendis la main vers le carnet qui y était posé afin d’y griffonner quelques notes. Puis après un instant à regarder dans le vide, pensif, je décidai de me lever et d’aller prendre l’air sur le petit balconnet attenant à cette pièce, histoire de profiter des dernières lueurs du soleil alors que quelques étoiles commencaient à poindre dans la voûte céleste. Alors que j’emplissais mes poumons d’air iodé, deux silhouettes attirèrent mon attention. En contrebas, près du rivage, elles semblaient en pleine discussion. Il s’agissait du Charpentier des Navires et d’un homme qui m’était inconnu, vêtu de gris et appuyé sur un bâton tortueux. Ma curiosité attisée je ne pus m’empêcher de continuer à observer leur dialogue, inaudible d’ici. Alors qu’ils conversaient, leurs mains se joignirent rapidement, accompagnées d’un furtif reflet rouge et or. L’inconnu afficha un court instant une expression d’étonnement qui quitta aussi prestement son visage. Les deux hommes continuèrent leur échange, dont je finis par me détourner ayant à faire. Examinant mes notes et les quelques composés alchimiques récoltés durant mes excursions dans les alentours de la Cité, je me mis au travail, réfléchissant à mes prochaines réalisations, allumant au passage quelques bougies pour y voir clair.
Alors que le jour succédait progressivement à la nuit, je pris conscience du fait qu’il était peut-être nécessaire de stopper là. Je pris donc naturellement le chemin du balcon sur lequel je m’étais positionné auparavant. Quelle ne fut ma surprise en découvrant que l’inconnu et le Charpentier de Navires étaient encore là ! Vu l’endroit où ils se tenaient, il était évident qu’ils venaient seulement de se mettre en mouvement et étaient donc restés discuter là de nombreuses heures, ce qui ne fut pas sans attiser ma curiosité.
Ayant prévu de rester quelques jours supplémentaires pour continuer mes travaux et parcourir encore un peu les rues de la ville, j’en profitai pour mener ma petite enquête et discuter du nouvel arrivant avec quelques-uns des artisans elfes avec lesquels j’échangeais depuis quelques semaines déjà. Ce fut pour moi l’occasion d’apprendre qu’il n’était pas arrivé seul, mais en compagnie de quatre autres voyageurs que je ne tardai pas à croiser à plusieurs reprises lors de mes pérégrinations, sans pour autant oser les aborder avant de devoir moi-même reprendre la route.
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" La nuit est tombée bien vite ce soir ! Vivement que je puisse me coller près du feu dans une auberge ! Il devrait y en avoir une après ce virage… Ah voilà que je la distingue, allez un peu de hâte ! "
Après avoir pressé quelque peu le pas, je me retrouvai rapidement à proximité de la porte d’entrée de l'accueillant édifice dont provenaient des bribes de conversations, des rires et quelques paroles de chanson. L’ambiance me semblait idéale pour me délasser et discuter avec quelques voyageurs, je pénétrai donc dans l’établissement. J’eu à peine le temps de détailler les lieux qu’un visage bonhomme m’aborda, me demandant s’il me fallait une chambre pour la nuit et un repas. Acquiesçant d’un signe de tête accompagné d’un large sourire, je fus conduit à une table, idéalement placée près de l’âtre. J’entrepris alors de me défaire de mon chapeau, de mon bâton et des différentes pièces composant mon paquetage. L’aubergiste revint vers moi avec une pinte et une assiette. Je me mis rapidement à en déguster le contenu en observant la joyeuse assemblée. Les minutes passèrent avant que mon attention ne soit attirée par un vieil homme installé plus loin, occupé à réaliser des ronds de fumée avec sa pipe. Son visage me semblait étrangement familier sans que j’arrive pour autant à le remettre.
Ce n’est que plus tard dans la soirée, alors que j’écoutais distraitement les conversations avoisinantes que je remis le doigt dessus : il n’était autre que l’inconnu qui avait débarqué, il y a quelques centaines d’années, accompagné de quatre autres individus, dans la cité où je m'étais moi-même rendu. Je décidai alors de me porter à sa rencontre pour le saluer et lui faire part de mon étonnement de le croiser en ce lieu. Amusés par la coïncidence, nous discutâmes de nos divers voyages une bonne partie de la soirée.
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Je n’appris que bien plus tard qui étaient ces émissaires et quelle était la raison de leur venue.
Cette collection est composée de 4 oeufs de taille moyenne et d'un oeuf plus imposant.
La mise à jour de la boutique aura lieu le 10 mars à 21h00.
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